Frate Odorico del Friuli
-Da Pordenone alla Cina per "guadagnare anime"
(Biografie francescane)EAN 9788825026122
Ce livre, publié en 2002 sous le patronage de la Commission pour la canonisation et le culte du Bienheureux Odoric de Pordenone, se veut une contribution précieuse à cette canonisation, en même temps qu'un hymne à la région du Frioul, à son passé romain, à ses basiliques chrétiennes d'Aquilée et de Concorde, à ses bienheureux et saints, en particulier à son héros, franciscain, voyageur et missionnaire, émule du grand vénitien Marco Polo.
Dans cette deuxième édition, l'auteur poursuit son uvre d'historien en bénéficiant des données historiques et médico-scientifiques, acquises lors de la reconnaissance canonique du corps du bienheureux (15 juillet 2002-14 janvier 2003, église Beata Vergine del Carmine e dei Santi Pietro e Paolo di Udine); des actes et documents de l'enquête diocésaine en vue du procès de canonisation (13 janvier 2002-18 avril 2006), et des approfondissements qui ont eu lieu à ces différentes occasions. Voir en particulier: Il beato Odorico da Pordenone: Vita e Miracula. Atti della ricognizione medico-scientifica del corpo del beato Odorico da Pordenone, in «Il Santo», 54 (2004), pp. 309-527. Ces apports sont particulièrement visibles au niveau des sources biographiques et historiques, auxquelles l'auteur a puisé abondamment, pour étoffer les chapitres 1 à 8, dédiés à l'enfance et à la formation d'Odoric, les chapitres 9 à 35 étant surtout nourris par la Relatio, ou récit du Voyage d'Odoric en Chine; son retour à Padoue et sa mort à Udine, le 14 janvier 1331. Ainsi, pages 14-17, à propos de l'année de sa naissance, anticipée en 1265 par G. Golubovich (1917), il y a une sorte d'écho entre notre auteur et les analyses effectuées lors de la reconnaissance canonique: tous deux fixent cette date à 1285-1286, et alors que les Atti parlent d'un «sujet appartenant à une tranche d'âge adulto-mature», 45-50 ans, G. Stival, fait sagement appel à la solution traditionnelle et «plus tranquille des anciens biographes» (p. 17; Andrea Tilatti, Odorico da Pordenone. Vita e miracula, Atti, id., p. 319). Il en est de même pour les informations concernant la taille, les cheveux, la barbe et autres détails anatomo-morphologiques, sa maladie et sa mort (Carlo Alberto Beltrami, Atti, Beato Odorico da Pordenone, id., p. 524-525).
L'apport de ces travaux est encore présent dans les récits concernant sa présence comme témoin à des actes notariaux, en mars 1317, à Castel Porpetto, et en 1318, à Portogruaro, avant son départ pour la Chine (A. Tilatti, Odorico da Pordenone. Vita e miracula, Atti, p. 322); et ses pratiques de pénitence, comme le port du cilice qui a laissé «une trace profonde sur la peau de son abdomen» (Renato Grilletto - Rosa Boano, Atti, Indagine antropologica, id., p. 495). Pour le reste, les sources relatives à ses racines boèmes (p. 14), à son enfance et à ses années de vie religieuse, antérieures à son départ pour la Chine (> 1318), sont communes aux éditions de 2002 et de 2012, et font appel à l'histoire locale, aux biographies du Bx Odoric, citées pp. 180 et 181, et aux deux chroniques franciscaines: les Annales Minorum de Luc Wadding (VII, pp. 123-126), et les Chronicas da ordem dos frades menores do seraphico Padre San Francisco de Frei Marco de Lisbonne. Souvent exprimées au conditionnels, ces informations donnent lieu (pp. 18 à 70) à de longs développements sur les origines de l'Ordre, sa spiritualité, sa diffusion dans le nord de l'Italie et la région d'Udine, empruntées à la Règle bullata et non bullata de saint Fran¢ois, Vita Prima de Thomas de Celano, Légenda Maior de saint Bonaventure, Vita Prima de saint Antoine ou Assidua, et autres Fonti Francescane, et visant à expliquer la vocation franciscaine du jeune Odoric, le contexte de sa formation religieuse et sa préparation à la mission.
Une mission, caractérisée par le zèle en vue de «gagner des âmes», mis en exergue dans le sous-titre du livre, lui-même emprunté à Luc Wadding, et maintes fois récurrent tout au long de l'ouvrage. Une petite précision cependant: les sources que l'auteur désigne comme «traditions anciennes des confrères d'Odoric» (p. 47) et qui ont inspiré frère Marco de Lisbonne et Luc Wadding, ont en fait une origine commune, la Chronique des XXIV généraux. A Odoric, missionnaire franciscain, le livre consacre une centaine de pages, de 49 à 150. L'annonce de l'Évangile «jusqu'au extrémités de la terre» était inscrite, rappelle notre auteur, dans l'ADN de l'Ordre, depuis saint Fran¢ois, missionnaire chez les Sarrasins en Syrie et en Egypte, jusqu'aux délégations des papes confiées aux frères Jean de Plan Carpin, Guillaume de Rubruk et Jean de Montecorvino en Extrême-Orient, en passant par les cinq martyrs du Maroc en 1220 et les quatre Frères mineurs martyrisés à Tana les 9-11 avril 1321.
Aussi aux sources officielles de la Relatio d'Odoric et de Luc Wadding et Marco de Lisbonne déjà citées, G. Stival ajoute d'autres précieuses sources d'informations, come l'Odoricus de rebus incognitis, Pesaro 1513; l'Elogio storico alle gesta del Beato Odorico de Giuseppe Vanni, Venise 1761; le Libro dei viaggi del B. Odorico da Pordenone, intitolato «De mirabilibus mundi», présenté au VIe Centenaire du bienheureux, en 1932; les Actes du Congrès international de 1983 sur Odorico da Pordenone e la Cina, et autres témoignages de missionnaires en Extrême-Orient. Odoric part évangéliser les infidèles à l'appel de Jean de Montecorvino, archevêque de Khanbaliq, et après avoir obtenu la licence de ses supérieurs, comme le prescrit la Règle; à Tana, il récupère les ossements des Thomas de Tolentino et de ses trois confrères pour les transporter à l'église de Zayton (Quanzhou); collabore pendant trois ans à Khanbaliq, avec son archevêque, fonde des églises et travaille à la poursuite de la mission de l'Ordre en Chine. Rentré en Europe pour obtenir du Pape en Avignon et de son ministre général l'envoi d'une cinquantaine de missionnaires, pour des raisons de santé, il n'ira pas au-delà de Pise et regagne Padoue où, en 1330, sur l'ordre du ministre provincial, Guidotto da Bassano, il dicte la Relatio à frère Guillaume de Solagna, puis retourne dans le couvent d'Udine, lieu de sa mort.
Cette activité missionnaire d'Odoric compte à son actif plus de 20 000 baptêmes (p. 129), mais elle est à l' uvre, avant son départ pour la Chine, dans la province de Saint-Antoine qui s'étend du Frioul, à l'est, jusqu'à Trente, au nord, et à Mantoue, au sud. Il ranime la foi languissante des communautés chrétiennes, ramène la paix entre les seigneurs et les factions ennemies, amène des vocations à son Ordre, gagne le respect et la vénération des petites gens qui, plus tard, se souviendront de sa «bonne et sainte vie» (p. 35-48; Tilatti, id., p. 331). La figure du missionnaire à la foi empreinte de simplicité franciscaine, rejaillit, en Inde, aux contact des Nestoriens, qu'il qualifie de «pires hérétiques», et des hindouistes, «idolâtres»; dans les îles d'Indonésie et des Philippines, où il condamne les formes de fanatisme rituel (p. 87) et les m urs contraires à l'Évangile (pp. 89 et 98). Cette action, dont notre auteur se plaît à raconter les merveilles (pp. 120-128), est reconnue conforme au style de vie des Frères mineurs, mais loin des débats de l'époque sur la pauvreté et des oppositions entre spirituels et conventuels (p. 114), ouverte aux cultures orientales et en avance par rapport à la question des «rites chinois» qui opposeront jésuites et missionnaires dominicains, franciscains, augustiniens, et le séminaire missionnaire de Paris (?) des XVIIe et XVIIIe siècles.
Une note résume succinctement, p. 115, cette question et l'auteur en attribue volontiers l'heureuse solution, en 1939, à un enfant du pays, Mgr Celso Costantini, originaire de Castions di Zoppola, dans le Frioul. En fait, un tel raccourci nous semble un peu court et risque de laisser planer une ombre sur les missionnaires franciscains et sur le séminaire en question, le MEP ou société des Missions étrangères de Paris qui, en raison précisément des persécutions payèrent un lourd tribut de martyrs. En effet, comme le note l'auteur lui-même, à partir de 1368, avec la chute de la dynastie yuan et l'arrivée des ming, le climat favorable aux missionnaires latins avait changé, mettant fin aux merveilleuses avancées de Jean de Montecorvino, d'Odoric et de nombreux autres missionnaires (p. 70). Ensuite, les ouvertures des missionnaires Jésuites qui avaient su discerner les cultes rendus aux divinités des cérémonies en l'honneur de Confucius et autres ancêtres étaient contrées, en Chine, mais aussi en Indonésie et en Inde, par les protectorats espagnols et portugais pratiquant l'inquisition et donc influents auprès des décisions des congrégations romaines; et ces décisions irritaient elles-mêmes les empereurs. Pour sa part, le MEP semble avoir fait avancer, et non retarder, la cause des rites chinois. Vers 1765, le Père Pigneau de Béhaine, du MEP précisément, devenu évêque, reprenait le dialogue avec l'empereur qui, de son côté, avait su faire la distinction entre cultes idolâtres et traditions culturelles.
Ce furent ensuite les travaux des ethnologues, des historiens et des théologiens, dont J.H. Newman, qui aidèrent à faire la part du religieux et du non-religieux, du sacré et du profane, de la religion et de la culture. Vers 1920, la question resurgit à propos des rites shintoïstes au Japon; en 1936, elle est fut posée pour la Mandchourie et en 1939 par la Chine. Le pape Pie XII, en 1939 et en 1941, mit le point final à la querelle, ouvrant la voie à la liturgie chrétienne indigène et à de nouvelles méthodes d'évangélisation, dont s'inspireront les déclarations Nostra aetate et Ad gentes du concile Vatican II [cf. J. Ries, in «Catholicisme», XII,1268-1273.XIII,2, art. Rites (Querelle des)]. Le livre s'achève sur les honneurs rendus post mortem au corps du bienheureux Odoric, la renommée de sa sainteté, la confirmation de son culte par le pape Benoît XIV, le 2 juillet 1755, et la cause de canonisation en cours dont on souhaite un rapide aboutissement. Un magnifique cortège de 15 saints et bienheureux de tout le Nord-Est de l'Italie couronne cet hommage rendu à la sainteté dans le pays natal du bienheureux Odoric de Pordenone.
Tratto dalla Rivista "Il Santo. Rivista francescana di storia dottrina arte" LII, 2012, fasc. 1-2
(http://www.centrostudiantoniani.it)
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